Sélectionner une page

L’A.I.E.G. a toujours été très attentif aux évolutions technologiques. Rencontre avec MM. Guy Deleuze, Directeur général et Soufiane Kadari, Directeur technique, qui nous partagent leur vision de l’éclairage public d’aujourd’hui et de demain.

En Belgique, l’éclairage public est géré par des gestionnaires de réseau. Leur rôle consiste également à entretenir, investir et développer le réseau basse et haute tension.

En Wallonie, le gestionnaire de réseau A.I.E.G., avec ses 43 collaborateurs, est en charge des communes namuroises d’Andenne, Gesves, Ohey, Viroinval et dans le Hainaut de la commune de Rumes et prochainement de Bruneheut.

L’A.I.E.G. a toujours été très attentif aux évolutions technologiques. Précurseur dans ce domaine, il a toujours voulu tirer parti des dernières technologies qui lui permettent, d’une part, de maîtriser ses dépenses ainsi que celles des communes dont il a la charge, et d’autre part, d’améliorer le confort des citoyens et offrir un service à la pointe pour les communes.

logo

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Mr Guy Deleuze, Directeur général de l’A.I.E.G. et Mr Soufiane Kadari, Directeur technique, qui nous partagent leur vision de l’éclairage public d’aujourd’hui et de demain. Nous leur laissons la parole :

Économie d’énergie et harmonisation de l’éclairage

« L’ensemble des communes que nous gérons étaient équipées de luminaires HID d’une puissance de 70W à 150W. Avec l’arrivée de la technologie LED dans l’éclairage public et aux vues des économies d’énergie que cette technologie pouvait apporter, nous avons réfléchi à la possibilité d’installer de l’éclairage LED dans les communes.

Outre les économies d’énergie générées par l’éclairage LED, nous souhaitions également harmoniser l’éclairage pour le confort des usagers. Nous avions dans les communes des luminaires avec diverses sources lumineuses et donc un rendu de couleur et une intensité lumineuse différents. Pour les automobilistes et les usagers faibles, ces changements d’éclairage apportent un inconfort visuel. Le fait de pouvoir profiter d’un éclairage LED uniforme rend la conduite et les déplacements des usagers plus sûrs et agréables.

En 2009, nous avons donc commencé à tester l’éclairage LED dans 2 quartiers. Ces tests nous permettaient de calculer l’économie d’énergie réelle mais également de tester la fiabilité de la technologie et d’obtenir le ressenti des citoyens sur ce nouvel éclairage.

Fort de cette expérience, nous avons commencé à réfléchir pour installer ces solutions LED dans une première commune.

Viroinval, le premier pas vers la transition énergétique

La commune de Viroinval a été la première à nous solliciter pour une modernisation de son éclairage public.  En 2014, nous avons remplacé les luminaires HID par des luminaires LED TECEO. A l’époque, la technologie de dimming ne permettait pas la gestion de l’éclairage par luminaire. Nous avons dès lors opté pour un dimming préréglé afin de réduire l’intensité lumineuse de 50% durant 6 heures.

 « Aujourd’hui, ce sont 6.500 points lumineux qui sont pilotés avec le système de gestion intelligent, une première en Wallonie ». Mr Guy Deleuze, Directeur général de l’A.I.E.G.

Développement du système de gestion intelligent de l’éclairage
Par la suite, Schréder a développé un système de gestion intelligent de l’éclairage qui permet un dimming des luminaires individuellement. Nous avons toujours été convaincu que cette technologie apporterait de nombreux avantages, tant pour les communes, que pour les citoyens et pour l’environnement. Dès lors, nous avons proposé aux communes d’augmenter leur capital dédié à l’éclairage public pour financer les nouveaux luminaires LED, tandis que nous prenions en charge l’investissement dans le système de télégestion.

La ville d’Andenne a été la première à adopter cette nouvelle technologie, où nous avons remplacé environ 4.600 points lumineux connectés au système de gestion Schréder EXEDRA. Les autres communes ont suivi, notamment Taintignies et Rumes avec 1.200 luminaires, et récemment Ohey. Bientôt, la commune de Brunehaut suivra, et enfin Gesves, qui bien qu’elle soit équipée de luminaires avec des lampes à décharge de 40W, tirera également un avantage de cette technologie d’éclairage LED intelligent. Aujourd’hui, ce sont 6.500 points lumineux qui sont pilotés avec le système de gestion, une première en Wallonie.

Tester et analyser pour être au plus proche des besoins

Lorsque le système de dimming a été mis en place dans les 1ères communes, nos équipes et notre direction technique ont réalisé de nombreux tests afin de régler les niveaux d’éclairage au plus proche des besoins. Sur base de ces tests, nous nous sommes rendu compte qu’en démarrant l’éclairage à 40% du flux lumineux et en diminuant encore l’intensité lumineuse jusqu’à 25% pendant une certaine période de la nuit, les habitants étaient toujours satisfaits de l’éclairage. Nous avons dès lors pu établir le schéma suivant :

  • Démarrage de l’éclairage avec un dimming à 40%, soit une réduction de l’intensité lumineuse de 60%
  • A partir 23h, l’éclairage est dimmé à 30%, soit une réduction de l’intensité lumineuse de 70% ;
  • De minuit jusqu’à 5h du matin, le dimming est à 25%, soit une réduction de 75% de l’intensité lumineuse.
  • A partir de 5h du matin, augmentation progressive de l’intensité lumineuse.

Ce schéma est d’application partout dans les communes, excepté pour les nationales où nous avons établi un profil de dimming de maximum 60%, soit une réduction de l’intensité lumineuse de 40% et de maximum 80%, soit une réduction de l’intensité lumineuse de 20% pour les routes considérées comme dangereuses.

Dimmer versus couper l’éclairage public

Avec la flambée des coûts de l’énergie, les communes se sont posé la question de couper l’éclairage de 1h à 5h du matin, comme dans de nombreuses autres communes de Belgique.

Grâce à l’analyse précise des données de consommation d’énergie, nous avons pu leur montrer que les économies d’énergie réalisées avec le dimming étaient supérieures au système traditionnel de coupure totale de l’éclairage entre 1h et 5h du matin. En effet, la consommation d’énergie pour l’éclairage public des communes gérées par l’A.I.E.G., était avant le système de dimming, de 3.500.000 kWh/an. Avec le système mis en place, nous arrivons à une consommation d’énergie d’environ 850.000 kWh/an, ce qui représente une réduction de 2.650.000kWh/an, soit plus de 75% d’économie d’énergie.

Les communes se sont félicitées d’avoir adopté ce système avant-gardiste qui permet de réduire drastiquement la consommation d’énergie, tout en préservant la sécurité et le confort de leurs citoyens.

Au-delà de l’avantage financier et de confort, la télégestion apporte une multitude d’autres avantages qui servent les intérêts de chacun.

Une flexibilité optimale pour les événements locaux

Les communes qui organisent régulièrement des événements, comme des feux d’artifice ou de festivités locales, peuvent nous demander d’éteindre l’éclairage public pendant quelques heures. Pour ce faire, il nous suffit de programmer, à l’avance, dans le système de gestion l’extinction des luminaires situés dans la zone concernée, en précisant les dates et les heures exactes. Cette flexibilité permet de gérer, en toute simplicité, l’éclairage en fonction des besoins spécifiques des événements qui se déroulent dans les communes.

Réactivité face aux citoyens

Étant donné que nous avons une visibilité sur l’ensemble des points lumineux en temps réel, les particuliers ne doivent même plus nous signaler les pannes. Il arrive cependant que des habitants nous contactent pour nous signaler un problème, comme par exemple un éclairage trop intense. La force du système est que nos agents peuvent immédiatement ajuster les paramètres à distance. Les responsables peuvent donc réduire l’intensité du luminaire concerné et demander un retour du citoyen le lendemain. Cette capacité à réagir rapidement aux demandes améliore la satisfaction des citoyens.

La précision des données pour un avantage financier indéniable

Par le passé, il était impossible de détecter automatiquement les points lumineux défectueux. Au niveau de la facturation, nous prenions l’ensemble des points lumineux que nous multiplions par la consommation. Grâce au système de télégestion, les gestionnaires savent exactement quels luminaires ne fonctionnent pas et peuvent ajuster la consommation en conséquence offrant une précision de la mesure incomparable avec les autres systèmes. À la fin de l’année, un simple extrait de la base de données permet de connaître la consommation réelle point par point et donc générer un avantage financier.

La simplicité, le maître-mot en matière d’éclairage

L’éclairage public est un domaine où la simplicité doit être reine, surtout quand on a pas loin de 7.000 point lumineux à gérer. Pour nous, l’un des grands avantages du système de gestion Schréder EXEDRA est sa simplicité d’utilisation. Nous avons par exemple formé des personnes sans background technique qui sont maintenant tout à fait capables de gérer l’éclairage public de manière autonome.

Une efficacité de gestion améliorée

La télégestion révolutionne également notre quotidien dans la gestion de l’éclairage public. Avant, il fallait un mois et demi pour sortir un rapport d’audit. Aujourd’hui, en seulement 15 minutes, nous générons une carte interactive.  Nous recevons également quotidiennement des rapports qui montrent l’état de fonctionnement des points lumineux, ce qui nous permet de suivre les pannes en temps réel. Les agents techniques reçoivent directement ces rapports qui indiquent les points qui ne communiquent plus. De plus, les informations générées par ces rapports nous permettent d’être plus efficace. Par exemple, si une rue entière est signalée en rouge, l’agent sait immédiatement qu’un fusible a sauté. Il se rend donc directement à la cabine la plus proche pour résoudre le problème. Cette efficacité accrue réduit le temps de maintenance et les coûts de traitement des signalements de pannes.

Système de dimming ou de détection, l’importance de s’adapter aux spécificités du territoire

Nous aurions en effet pu opter pour une solution avec des systèmes de détection mais vu les caractéristiques des communes que nous gérons, ce système n’aurait pas pu s’appliquer partout. En effet, dans une rue commerçante comme on en trouve à Andenne, le système de détection n’aurait pas été efficace puisque le passage est continu. Par contre, dans les campagnes ce système aurait pu convenir, tout comme la solution de dimming. Nous aurions donc dû faire un mixte des 2 solutions et nous avons préféré ne pas complexifier le système. Il est vrai que la topographie vallonnée de la région wallonne présente des défis en matière de télégestion. Les communications sont parfois plus compliquées dans certaines zones entraînant une perte de signal. Cependant, avec des luminaires d’une puissance de 35W et de 15 à 20 W lorsqu’ils sont dimmés, nous avons trouvé le bon compromis pour optimiser l’éclairage public en tenant compte des spécificités de chaque commune.

Les données fournies par le système de télégestion sont une véritable mine d’or. Il existe un potentiel énorme pour améliorer leur utilisation. Soufiane Kadari, Directeur technique.

Une vision d’avenir pour l’éclairage public

Le système de télégestion que nous avons mis en place est conçu pour être viable pendant 15 à 20 ans.

Pour nous, l’avenir de l’éclairage public passera par une meilleure exploitation des données que nous fournissent les systèmes de télégestion. Actuellement, nous exploitons seulement 15 à 20 % des données fournies par Schréder EXEDRA. Or ces données sont une véritable mine d’or, il existe donc un potentiel énorme pour améliorer leur utilisation.

Nous pourrons imaginer obtenir de façon automatisée chaque matin, un rapport directement exploitable par les techniciens indiquant les points lumineux réellement en panne et une planification optimisée de leurs interventions.

L’intelligence artificielle en renfort pour l’avenir

Nous pensons que l’intelligence artificielle jouera également un rôle dans l’éclairage public à l’avenir. Nous l’utilisons déjà tous sans vraiment nous en rendre compte et quand on voit la puissance de l’IA, ce ne serait pas une solution de faire semblant qu’elle n’existe pas.

Pour notre part, nous avons signé un partenariat avec un professeur spécialisé en intelligence artificielle de l’université de Libre de Bruxelles et nous avons engagé un chercheur qui pendant 6 mois va travailler sur notre rôle de facilitateur dans le cadre des communautés d’énergie et ensuite dans le développement ds transformateurs autorégulants. Nous analyserons par la suite, en fonction des données récoltées, l’évolution à donner à ce projet et pourquoi pas franchir une nouvelle étape vers une gestion encore plus intelligente et efficace de l’éclairage public en intégrant l’intelligence artificielle. »

 

Lire aussi « L’éclairage public d’Ohey est 100% LED« 

https://www.ohey.be/eclairage-public-100pour100led-a-ohey/